69 mots 19 Eloge de la folie

Eloge de la folie

Les XVII et XVIIIe siècles ont vu les jardins des plus nantis s’enrichir de pavillons, grottes, pyramides, naumachies, temples de l’amour et autres constructions symboliques ou ésotériques, d’usages éventuellement très intimes. Dans le vaste terrain de jeu du jardin européen, ces « Folies » constituent des balises qui autorisent selon le savoir des visiteurs, des lectures complémentaires et mystérieuses. Cette tradition de ces architectures « sans fonction » est partagée de l’Italie, à la Grande-Bretagne, de l’Allemagne à la France et plus tardivement au Portugal. Symboles d’une période de l’histoire où l’accumulation très fermée des richesses autorisait ces constructions de petits édens, ces Folies sont aussi une manifestation du rêve, de l’onirisme et de la gratuité du désir de construire. Si l’économisme régnant depuis la révolution industrielle a balayé ce goût du merveilleux, le parodiant plus récemment par un culte de l’ostentatoire clinquant, il est regrettable que cette tradition d’un enchantement ait totalement disparu du paysage idéalisé. Malgré les tentatives trop rares de ré-enchanter le monde. Le parc de cette magnifique quinta portugaise, est clairsemé de ces constructions réalisées par Luigi Manini, architecte, peintre et scénographe de la Scala de Milan. De cet enchantement « philosophique », le message reste toujours occulte, plus d’un siècle après sa construction.