Au nord de Paris, ce grand paquebot lumineux semble quitter les grands moulins du fond de l’image avec une cargaison rutilante. Et pourtant, amarré le long du canal de l’Ourcq, nulle croisière, nul fret ne le verront prendre les flots. Il restera comme une vigie – attentive par définition – préservant dans la cité des lumières cet unique espace où la nuit se donne sans retenue et en sécurité, à partager avec les badauds et les amants d’un soir, noctambules éblouis par ces « limelights » accueillants. Dans un entretien réalisé pour l’ouvrage « Des jardins dans la ville », Bernard Tschumi, concepteur du parc me disait l’impossibilité, aujourd’hui avérée, d’ouvrir nuit et jour un tel espace public. On lui réclame désormais un éclairage digne d’un stade de sport où la surbrillance et la surexposition corollaire nient le désir et l’aventure. Une société européenne où brûle le présent, où veiller rime moins que jamais avec l’intime et le rêve.