69 mots 57 La prouesse Atlantique

La prouesse Atlantique

« Lorsque nous sommes arrivés pour travailler sur le « jardin Atlantique », il n’y avait pas de site concret, physique. Il y avait ces grandes barres d’immeubles alentour, un grand vide au milieu, et puis le ciel.
Atlantique.
Nous avons donc laissé parler l’imaginaire, il nous fallait trouver des ressources propres pour s’inventer une histoire, afin de pouvoir construire un jardin. Malgré tout. Nous étions quand même sur un lieu suspendu au milieu de nulle part si ce n’est au-dessus des rails de la gare Montparnasse... Nommer le lieu, c’est une façon de le constituer dans notre imaginaire. On peut alors commencer à tisser des raisons de le faire. Le « jardin Atlantique » est typiquement un jardin impossible. Nous sommes sur une dalle de béton de trois hectares-et-demi, percée de cent trente-six trous de différentes natures... Cette accumulation de contraintes a été bénéfique puisqu’elle nous a obligés à réfléchir à l’urbanisation de ce site pour réaliser ce jardin malgré tout...
Il faut aujourd’hui à mon sens, que l’on invente une troisième nature. C’est ce que nous essayons modestement de faire dans les jardins. Les équilibres du monde ont été tellement transformés, la première nature a été tellement bidouillée avec la seconde qu’il faut aujourd’hui inventer cette troisième nature si l’on veut équilibrer une harmonie entre les hommes et leur environnement (leur extérieur). »
(Michel Péna in « Des jardins dans la ville »/Michel Corbou, arte/La Martinière, Paris, 2011)