69 mots 59 Nostalgies de Babylone

Nostalgies de Babylone

Du magnifique Eden théâtre de style art-déco dessiné par Cassiano Branco, ne reste que cette façade-vitrine ornée d’un jardin conçu pour le confort des voyageurs de l’hôtel haut de gamme qui occupe désormais les lieux. De cette réminiscence de l’iconographie légendaire de Babylone, on peut tracer un parallèle avec les très nombreux projets promus par l’architecture la plus contemporaine. La création de jardins hors-sols habillant des bâtiments de plus en plus gigantesques, joue sur la nécessité écologique de recadrer les villes en évitant leur étalement. D’où la prolifération de tours végétalisées auxquelles l’accès sera réservé à des usagers plus ou moins qualifiés. Comment ne pas penser au jardin merveilleux de Métropolis que Fritz Lang, dans sa critique d’un système social, avait pris soin de placer au sommet de l’emblème du pouvoir. Plus d’un siècle et demi après l’invention de l’espace public, devrons-nous revoir éclore cette privatisation du vivant dont l’esthétique flatteuse ne parvient pas à masquer cette hiérarchisation de l’accès au territoire ?